LYDIE SALVAYRE*
Malherbe était si agacé par l'intérêt des professeurs pour les catégories littéraires que, lorsqu'on lui demandait si son poème était un sonnet, il répondait : « Si ce n'est pas un sonnet, c'est une sonnette ! » Je partage ce même agacement et, si l'écriture d'un livre m'emporte, je me moque de savoir s'il est classé roman d'aventures, d'amour, essai, polar ou correspondance. Mon goût de la chose écrite est tel que je peux trouver de l'intérêt à un mode d'emploi, un exposé scientifique ou un fait divers. Il m'arrive d'ailleurs d'utiliser dans mes romans leur rhétorique et de les entremêler ou de les parodier (dans Passage à l'ennemie, je joue avec les codes du rapport de police, et dans La Puissance des mouches avec les codes de ce que je crois être le polar). Cependant, si je suis honnête, je dois avouer que je ne lis que rarement ce qu'on appelle des polars. Est-ce de ma part un préjugé ? Je ne sais pas. Je crois que la lecture que je fis adolescente de Doubl ...