Les mystères de Marseille
On redoute, en écrivant sur Marseille, de tomber dans les poncifs et les caricatures dont on a souvent affublé la « cité phocéenne » au cours de sa longue histoire - 2 600 ans ces temps-ci, ce qui en fait la plus vieille ville de France, déjà rayonnante à une époque où le reste de la Gaule n'était couvert que de forêts et de quelques huttes. A moins de prendre les poncifs pour une forme d'hommage, et la caricature pour un aveu de fascination. Aucune ville en France sans doute, à part Paris, n'est riche d'une telle personnalité, d'une telle puissance d'évocation, de si persistantes légendes qu'elle puisse donner lieu à des représentations aussi contrastées : cité antique au rayonnement universel ; ville réfractaire au pouvoir central et ce dès l'invasion romaine à tel point que Louis XIV lui-même dut y faire le voyage pour rappeler aux Marseillais qui était l'Etat ; « Ville sans nom » sous la Révolution ; port opulent et ville frondeuse tout au long du xixe siècle ; « Chicago françai ...