
Stéphane Audeguy, Une mère
Rivages d'une mère
Le romancier parvient à faire le portrait de sa mère récemment disparue en tenant en respect le pathos. Il ne s'agit pas de faire légende ou de prétendre à la psychologie, mais de dessiner une silhouette représentative de son époque.
De Stéphane Audeguy on peut difficilement dire que c'est un écrivain enclin à s'épancher. Depuis La Théorie des nuages (2005), son premier roman, il a même plutôt travaillé contre cela. S'il y a, chez lui, souvent beaucoup de personnages et de péripéties, l'ombre portée de l'affect y est réduite au minimum, comme s'il s'agissait toujours d'entretenir à cet égard une lumière zénithale, ou bien une nuit noire. Ce n'est qu'un discret liseré dans l'étoffe de ses textes, allant et venant entre précision des détails et tentation de la vue aérienne - la théorie des nuages, donc. Sans doute l'affect, pour Stéphane Audeguy, risque-t-il toujours de verser dans l'affectation. Sans doute aussi a-t-il pu à tort être perçu comme un animal à sang froid, pourquoi pas porté sur la misanthropie.
Et voici qu'il écrit sur sa mère, en un court texte entamé le soir de la mort de celle-ci et achevé un mois après, sans doute pour éviter toute surcharge décorative. Pas un « tombeau », dit-il ...