Cormac McCarthy, La Route
Un père, un fils, une Amérique dévastée par un cataclysme à la nature incertaine qui a réduit la nature en cendres, voilé l'atmosphère, caché le soleil... À l'intérieur de ce dispositif minimal, Cormac McCarthy crée une oeuvre grandiose. On connaissait le goût de l'auteur pour les voyages où les hommes apprennent sur eux-mêmes en traversant des paysages dont la beauté semble signe d'éternité. On savait aussi, depuis Méridien de sang et Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme (No Country for Old Men), sa capacité à mettre en scène des personnages à la fois crédibles et allégoriques - criminels ou soudards pouvant incarner le diable et la mort en personne. La Route mène plus loin : c'est un enfer chrétien et néanmoins sadien que l'auteur met en scène sur cette terre dévastée. Et c'est une théologie du salut qu'il fixe dans ce père et ce fils qui vont, poussant un chariot de supermarché plein des restes du monde d'avant par lesquels ils survivent. Ce père ...