Aragon, l'écriture de mère en fils
L'émouvant portrait de la mère du poète, qu'on lui présenta d'abord comme sa soeur. Il s'avère que Marguerite maniait aussi les mots.
« Je ne réhabilite aucun talent oublié, aucun martyr de l'histoire. Je cours après une ombre, une femme qui écrivait dans une famille où chacun écrit. [...]. En s'absentant de l'histoire inventée. » Cette ombre, c'est celle de Marguerite Toucas-Massillon, la mère de Louis Aragon. Nathalie Piégay, en formidable enquêtrice-écrivaine, lui consacre un bouleversant portrait : celui d'une mère, romancière et traductrice de polars, dont l'existence est reléguée à des notes en bas de page de l'histoire littéraire. Une mère invisible, présentée à son fils comme sa soeur pour cacher le secret d'une naissance adultère, alors que son vrai père, Louis Andrieux, lui est présenté comme son parrain - le nom d'Aragon ayant été inventé pour dissimuler la bâtardise, jusqu'à ce que sa mère lui avoue la vérité en 1917. Il a 20 ans.
« Une brèche s'est ouverte dans le langage » ; « d'autres auraient perdu la raison. Il y a gagné le battement de l'imagination », avance Nathalie Piégay. N'est-il pas ...